« Sous la Seine » : fiction ou réalité ?

« Sous la Seine » : fiction ou réalité ? 

Si la question est : le dernier film parthénogénétique de NETFLIX est-il une fiction ou pas ? lé réponse est claire : OUI. A ce titre, une fiction peut tout se permettre, y compris de grosses approximations quant à la réalité scientifique du scénario, et ne devrait donc pas créer de polémique. Le Mako géant voyageur n’est pas pire ou meilleur, ou plus plausible, que le Mega gorille qui s’allie à la Mega salamandre pour vaincre le mal dans le dernier Godzilla. Sauf qu’on a affaire à… un requin ! et que tout devient plus subtil… Le scenario s’inspire habilement de concepts scientifiques réels concernant les requins tels qu’une mutation permettant d’évoluer en eau douce ou la possibilité de se reproduire par parthénogénèse, ou encore le processus conduisant certains individus d’une espèce donnée à subitement considérer l’humain comme une proie potentielle alors qu’il ne fait pas partie du référentiel alimentaire instinctif des requins. Si l’on se confine au domaine de la fiction, pas de soucis : çà fait vrai mais çà ne l’est pas. La facilité eut été de choisir un requin bouledogue, une des rares espèces euryhalines, à savoir capable d’évoluer à la fois en eau douce et en eau de mer, notamment grâce à la présence de glandes anales permettant de gérer l’osmorégulation. Ce point est efficacement géré par le scénario via une réflexion à ce propos de la scientifique de service. Néanmoins, le concept de « mutation » tel que suggéré par le scénario est hautement improbable. Premièrement en raison de l’échelle temporelle à laquelle une telle mutation se serait produite, de l’ordre de décennies alors qu’en réalité çà relèverait probablement de milliers voire millions d’années. Deuxièmement parce que l’adaptation à l’eau douce ne pourrait se faire que via une confrontation longue et chronique des individus d’une population donnée à cette nouvelle contrainte environnementale (la différence de salinité) qui présenterait un avantage écologique (nouvelle ressource alimentaire pour l’espèce ?) et à laquelle, par des mutations plus multiples qu’uniques, certains individus s’adapteraient mieux, petit à petit, tout en survivant à ces mutations et en se nourrissant mieux… bref, pour ce faire, il faudrait que le requin Mako fréquente assidûment les estuaires des grands fleuves (comme l’a probablement fait le requin bouledogue, espèce côtière, en des temps très anciens) pour avoir une chance de sélectionner les bonnes mutations et au bon endroit. Or le Mako est une espèce « hyper » pélagique, c’est à dire qui vit strictement au large, et ne se balade pratiquement jamais près des estuaires où se mélange l’eau douce à l’eau salée de la mer. Pourquoi un Mako se baladant aux abords de radeaux de plastiques en plein océan salé sélectionnerait-il une mutation à la vie en eau douce ? Impossible. Alors pourquoi ne pas avoir choisi un requin blanc ? le fameux cousin du Mako, auquel, soit dit en passant, le héros animal du film ressemble beaucoup plus, qu’il s’agisse de la forme, couleur de la robe ou encore de la dentition… Seuls les scénaristes (potentiellement mal conseillés scientifiquement ?) ont la réponse. Concernant la parthénogénèse, rebelote dans le plantage, avec l’apparition de minuscules alevins qui ressemblent plus à des éperlans inoffensifs (la friture qu’on déguste à l’apéro) que des embryons de futurs requins killers de 3 ou 4 mètres qui devraient mesurer plusieurs dizaines de centimètres. Personnellement, je craindrais plus une invasion par des tigres du Bengale, certes moins nombreux mais plus inquiétants, que des chats siamois de 20cm au garrot… Conclusion : oui à la fiction, non à la confusion des genres. Problème : si l’on surfe sur internet pour chercher le film, on tombe sur une présentation de ce film sur les thématiques : « Action + Thriller »… oups : ou est le mot fiction ?

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